Nouvelle gouvernance, nouveau siège
Amarc Acte II : « Relever les défis de la radiodiffusion locale, populaire, universelle et gratuite »
" Les nouveaux défis des radios et de leur organisation mondiale doivent être replacés dans un contexte mondial, celui -opérationnel- de l'émergence des radios communautaires partour dans le monde, et celui, institutionnel, de l'évolution des agences des Nations Unies sur les questions de la liberté de l'information et de la régulation politique de l'utilisation du spectre hertzien et des nouvelles technologies.
Pour la première fois, le sommet 2013 « WSIS + 10 » (10ème anniversaire du Sommet Mondial pour la Société de l'Information, WSIS en anglais) s'est tenu en deux temps, à l'UNESCO à Paris en février 2013 et à l'UIT à Genève au mois de mai suivant. Pourquoi ces deux temps et pas un seul ? Parce qu'il y a des différences d'appréciation sur des valeurs fondamentales. Dix ans après la réunion de Genève de 2003, qui ouvrait le Sommet Mondial pour la Société de l’Information (SMSI) nous avons vu une évolution dans l'implication de ces deux grandes agences des Nations Unies.
Le SMSI a introduit au début de ce siècle une rupture dans la compréhension des changements liés aux TIC, notamment sur le développement de l’Internet, tout en s’intéressant aux médias plus traditionnels qui vivent des tensions et voient leurs modèles économiques bouleversés comme la radio et la télévision. Initiallement, l’organisation du SMSI a été confiée à l’UIT (Union Internationale des Télécommunications), par exemple au sommet de Tunis en 2005, tandis que l’Unesco de son coté avait souligné les limites de la notion de « société de l’information », parlant davantage de « société de la connaissance ».
2013 voit le grand retour de l’Unesco dans le débat, et l'AMARC ne peut que s'en féliciter. L'Unesco a placé le premier rendez-vous SMSI + 10 sous le signe des « sociétés du savoir , pour la paix et le développement durable ». Une évolution notable dans le choix des mots, qui dépassent le seul objectif de l’information et de la communication. L'AMARC y a animé une conférence notamment sur la liberté de l'information, le pluralisme des radios et l'accès au spectre (voir l'article que nous y consacrions en février dernier en cliquant ici).
La conséquence est que trois mois plus tard au Forum de Genève de l'UIT, les notions de diversité culturelle et linguistique, de liberté d’expression, de respect de la vie privée en ligne, défis éthiques et sociaux de la société de l’information, ont été abordés. L'UIT a souhaité que l'AMARC remette un rapport sur le rôle des radios communautaire et associatives, et sur leur accès au spectre à travers le monde.
L'AMARC a pris une place particulière dans le travail de ces deux agences. D'abord parce qu'elle est invitée à la fois par l'UNESCO et l'UIT, et qu'elle y anime d'un coté les sessions sur la liberté d'expression, la protection des équipes de nos radios, et de l'autre sur les médias communautaires, dont l'AMARC est rapporteur.
C'est l'immense acquis des trente premières années d'existence de l'AMARC, que nous pouvons appeler l'Acte I. C'est grâce à l'AMARC que la notion d'indicateurs de développement des médias, à été élaborée par l'Unesco, comme un des vecteurs du combat pour la liberté d'expression. C'est grâce à l'AMARC que les résolutions sur la protection physique des journalistes se sont étendues aux animateurs et collaborateurs bénévoles dans les radios en zone de conflit.
L'AMARC, avec les radios, doit passer à la vitesse supérieure
La liberté d'expression ne doit pas être régulée par les fournisseur d'accès internet. Leurs intérêts économiques sont compatibles avec les conglomérats privés des télécoms, mais ni avec l'information gratuite, d'intérêt général et d'éducation populaire, ni avec la diversité culturelle et linguistique, portées notamment par les médias communautaires on air.
Deux fronts, trois exigences
Le travail de l'AMARC, outre celui de poursuivre la mission de renforcer les radios sur le terrain, c'est également de veiller à ce que les agences des Nations Unies portent les exigences des radios communautaires. Ce sont « Les Trois Exigences » présentées par Emmanuel Boutterin lors du 30ème anniversaire :
préconiser des législations nationales en faveur des médias communautaires, notamment des radios on air, au motif de leur utilité d'intérêt général pour les citoyens, du pluralisme et de la diversité culturelle et linguistique ;
renforcer les autorités de régulation, indépendantes des télécoms, des pouvoirs économiques et politiques, et renforcer leur action en faveur du secteur des médias communautaires, à égalité avec les secteurs commercial et public ;
promouvoir la sécurité et la gratuité de l'accès au spectre pour les médias communautaires, dans les bandes historiques de la radio et sur des nouvelles ressources hertziennes prévues pour la radio numérique terrestre.
C'est dans cette perspective que les moyens opérationnals de l'AMARC vont être renforcés avec, en perspective directe, l'embauche d'un nouveau Secrétaire Général dont vous trouverez l'offre d'emploi en cliquant ici.
Selon Maria Pia Matta et Emmanuel Boutterin, l'AMARC est en ordre de bataille pour exiger une place équitable de tous les éditeurs sur le spectre, partout dans le monde. L'Assemblée Générale 2015 de l'ONU verra l'examen des premiers résultats des Objectifs du Millénaire, et les deux agences, UIT et UNESCO présenteront les recommandations du SMSI. L'AMARC entend bien y faire valoir les droits de nos radios et de leurs auditeurs...