Selon Médiamétrie, avec plus de 43M d'auditeurs quotidiens en 2013, la radio reste le 1er média de France, le plus consulté par les français de tous âges et de toutes catégories socio-professionnelles, selon vous quelles sont les raisons de ce succès ?
Rémy Rieffel : On peut émettre plusieurs hypothèses. La première est que la radio est un média facile d’usage qui s’inscrit dans des routines et des habitudes d’écoute depuis longtemps ancrées dans les pratiques médiatiques des Français (on peut l’écouter en tous lieux, à tout moment et vaquer en même temps à d’autres occupations).
Les nouvelles technologies ont simplement modifié le cadre général d’écoute (mobilité plus grande des individus, diversification des supports d’écoute tels que l’ordinateur, le smartphone, etc.). Elles ont également accru l’écoute en différé de certaines émissions grâce aux podcats qui rencontrent visiblement un grand succès.
La deuxième raison tient au fait que la radio est un média qui favorise l’écoute à la fois de la musique et des informations et qui propose de nombreuses émissions en direct. Or, beaucoup de Français continuent de découvrir certains artistes ou certains titres à la radio plus que sur Internet. Ils sont très nombreux, avant de se rendre au travail, à se tenir au courant de l’actualité grâce aux différentes « matinales » qui allient rapidité, synthèse et souplesse.
Enfin la radio est devenue depuis quelque temps un média très interactif : les antennes sont ouvertes aux interventions des auditeurs et les stations multiplient les débats autour de sujets de politique, de société ou autres. Toutes ces raisons font que malgré l’essor de la télévision et d’Internet, la radio conserve une réelle attractivité auprès du public de tous âges.
J’ajouterais que la voix des journalistes et des animateurs (sans toujours pouvoir y associer un visage) conserve une part de mystère qui peut séduire les auditeurs et qu’on ne retrouve guère sur d’autres médias.
Les nouvelles technologies ont simplement modifié le cadre général d’écoute (mobilité plus grande des individus, diversification des supports d’écoute tels que l’ordinateur, le smartphone, etc.). Elles ont également accru l’écoute en différé de certaines émissions grâce aux podcats qui rencontrent visiblement un grand succès.
La deuxième raison tient au fait que la radio est un média qui favorise l’écoute à la fois de la musique et des informations et qui propose de nombreuses émissions en direct. Or, beaucoup de Français continuent de découvrir certains artistes ou certains titres à la radio plus que sur Internet. Ils sont très nombreux, avant de se rendre au travail, à se tenir au courant de l’actualité grâce aux différentes « matinales » qui allient rapidité, synthèse et souplesse.
Enfin la radio est devenue depuis quelque temps un média très interactif : les antennes sont ouvertes aux interventions des auditeurs et les stations multiplient les débats autour de sujets de politique, de société ou autres. Toutes ces raisons font que malgré l’essor de la télévision et d’Internet, la radio conserve une réelle attractivité auprès du public de tous âges.
J’ajouterais que la voix des journalistes et des animateurs (sans toujours pouvoir y associer un visage) conserve une part de mystère qui peut séduire les auditeurs et qu’on ne retrouve guère sur d’autres médias.
Selon le baromètre TNS-Sofres 2014 réalisé pour La Croix et mesurant annuellement la confiance des français dans leurs médias, la radio, pour la 24è année consécutive reste celui jugé le plus crédible. L'information est-elle différente à la radio ? Comment expliquez-vous ce sentiment partagé par une large majorité ?
Rémy Rieffel : La crédibilité de la radio est en effet plus forte que celle des autres médias en France depuis plusieurs années. Sans doute cela tient-il en partie au fait qu’on y observe moins de dérives et de dérapages qu’à la télévision ; qu’on y entend moins de rumeurs ou de fausses nouvelles que celles qui circulent sur le Web (elles n’y sont toutefois pas absentes).
N’oublions pas non plus –signe qui ne trompe pas- que la plupart des responsables politiques, économiques et culturels du pays se pressent dans les studios pour répondre à des interviews en direct : la radio demeure dans la société française un vecteur important du débat public.
Les journalistes ne peuvent toutefois plus lutter à armes égales en matière de direct et d’instantané avec les chaînes de télévision en continu, les réseaux sociaux et Twitter. Ils cherchent donc depuis quelque temps à mettre davantage en perspective les événements, à proposer des reportages approfondis de qualité, à susciter des discussions entre les experts et le public tout au long de la journée. Ils tentent de s’adapter aux différents profils des auditeurs à l’écoute. Le public est avide de ce type de cadrage de l’actualité.
N’oublions pas non plus –signe qui ne trompe pas- que la plupart des responsables politiques, économiques et culturels du pays se pressent dans les studios pour répondre à des interviews en direct : la radio demeure dans la société française un vecteur important du débat public.
Les journalistes ne peuvent toutefois plus lutter à armes égales en matière de direct et d’instantané avec les chaînes de télévision en continu, les réseaux sociaux et Twitter. Ils cherchent donc depuis quelque temps à mettre davantage en perspective les événements, à proposer des reportages approfondis de qualité, à susciter des discussions entre les experts et le public tout au long de la journée. Ils tentent de s’adapter aux différents profils des auditeurs à l’écoute. Le public est avide de ce type de cadrage de l’actualité.
Comme chaque année depuis 2011, le World Radio Day (Journée Mondiale de la Radio) sera célébré le 13 février prochain. En 2014, c'est Paris qui a été désignée capitale mondiale du World Radio Day. Nous venons de le constater, c'est mérité. Néanmoins, quels sont selon vous les enjeux majeurs auxquels doit se confronter la grande famille de la radiodiffusion dans les mois et les années à venir ?
Rémy Rieffel : L’enjeu majeur est, me semble-t-il, le changement en cours des pratiques d’information du public et en particulier des jeunes qui ont développé ce qu’on appelle « une présence connectée ».
Nous venons de mener avec des collègues de notre laboratoire de recherche CARISM (Université Paris 2, IFP) une étude de terrain pendant près de trois ans (observation des discussions autour de l’actualité sur des sites et forums en ligne, entretiens individuels et entretiens collectifs) sur la manière dont les Français s’informent aujourd’hui [1] .
Nous avons constaté que le public se dirige petit à petit vers les médias numériques, mais qu’il ne délaisse pas pour autant les médias traditionnels.
La complémentarité entre les différents supports semble de plus en plus de mise. Dans ce nouveau contexte, la fidélisation de l’écoute des actualités à la radio perdure.
Mais cela suppose bien entendu, si on souhaite la maintenir, de prendre en compte les nouvelles habitudes d’information sur le web, de proposer des émissions diversifiées et de qualité, de jouer la carte de l’innovation et de la découverte, notamment auprès des jeunes dont l’attention est la plus difficile à capter et qui ont tendance à accéder à l’information par le bais des réseaux sociaux, des portails et des moteurs de recherche.
Face à la surabondance des informations aujourd’hui disponibles, il faudra que la radio sache se différencier et apporter une véritable plus-value.
Nous venons de mener avec des collègues de notre laboratoire de recherche CARISM (Université Paris 2, IFP) une étude de terrain pendant près de trois ans (observation des discussions autour de l’actualité sur des sites et forums en ligne, entretiens individuels et entretiens collectifs) sur la manière dont les Français s’informent aujourd’hui [1] .
Nous avons constaté que le public se dirige petit à petit vers les médias numériques, mais qu’il ne délaisse pas pour autant les médias traditionnels.
La complémentarité entre les différents supports semble de plus en plus de mise. Dans ce nouveau contexte, la fidélisation de l’écoute des actualités à la radio perdure.
Mais cela suppose bien entendu, si on souhaite la maintenir, de prendre en compte les nouvelles habitudes d’information sur le web, de proposer des émissions diversifiées et de qualité, de jouer la carte de l’innovation et de la découverte, notamment auprès des jeunes dont l’attention est la plus difficile à capter et qui ont tendance à accéder à l’information par le bais des réseaux sociaux, des portails et des moteurs de recherche.
Face à la surabondance des informations aujourd’hui disponibles, il faudra que la radio sache se différencier et apporter une véritable plus-value.
[1] Josiane Jouët et Rémy Rieffel (sous la direction de), S’informer à l’ère numérique, Presses Universitaires de Rennes, 2013.