La 26è édition de la Semaine de la Presse et des Médias dans l'Ecole (SPME) revêt un caractère particulier suite aux événements tragiques qui ont touché la France en ce début d'année. Qu'est-ce qui a changé ?
Photo : Olivier Roller (RSLN)
Divina Frau-Meigs : Du fait des événements de janvier 2015, les missions du CLEMI se sont retrouvées au coeur des enjeux de démocratie soulevés par l'attentat : un média visé et des journalistes - partenaires historiques du CLEMI de surcroît - ont été assassinés. Le traitement médiatique exceptionnel a demandé un accompagnement pédagogique approprié et le ministère nous a conforté dans cette mission. A ce titre, nous avons été sollicités pour la mise à disposition de ressources dès le jour même, en regroupant les ressources de diverses entités du ministère de l'éducation nationale dans une rubrique spécifique "Je suis Charlie".
Il aura donc fallu une grande tragédie pour progresser officiellement de l'éducation aux médias (EAM) à l'éducation aux médias et à l'information (EMI). Les événements tragiques du 7 janvier ont ramené les enjeux politiques et éthiques sur le devant de la scène. Ces événements ont remis à sa juste place la tentation d'une littératie numérique instrumentée par l'économie, coupée des enjeux de citoyenneté. Ils ont remis sur le devant de la scène, brutalement, la réalité des cultures de l'information étroitement liées aux éco-systèmes médiatiques, non solubles dans le numérique. Ils nous incitent à considérer enfin internet comme un média à part entière, dont les usages doivent être renforcés non pas tant pour susciter des vocations à la programmation que pour comprendre les relations de pouvoir, les intérêts et les valeurs qui le régissent et donner des clés d'action à des citoyens en devenir qu'on ne saurait réduire à des usagers.
Pour répondre aux attentes des enseignants et aux offres spéciales de nos partenaires dans les médias, nous avons décidé de changer le thème de la SPME : pendant deux ans, la thématique sera "la liberté d'expression".
Il aura donc fallu une grande tragédie pour progresser officiellement de l'éducation aux médias (EAM) à l'éducation aux médias et à l'information (EMI). Les événements tragiques du 7 janvier ont ramené les enjeux politiques et éthiques sur le devant de la scène. Ces événements ont remis à sa juste place la tentation d'une littératie numérique instrumentée par l'économie, coupée des enjeux de citoyenneté. Ils ont remis sur le devant de la scène, brutalement, la réalité des cultures de l'information étroitement liées aux éco-systèmes médiatiques, non solubles dans le numérique. Ils nous incitent à considérer enfin internet comme un média à part entière, dont les usages doivent être renforcés non pas tant pour susciter des vocations à la programmation que pour comprendre les relations de pouvoir, les intérêts et les valeurs qui le régissent et donner des clés d'action à des citoyens en devenir qu'on ne saurait réduire à des usagers.
La question de la liberté d'expression et de publication - une composante majeure de l'EMI notamment dans le cadre de l'expression des élèves - se pose à nouveau de façon cruciale, en relation aux réseaux sociaux et aux plateformes numériques. Les élèves ont besoin d'un ensemble de compétences remises à jour et étendues pour maîtriser les cultures de l'information. Ces compétences relèvent d'apprentissages permettant de comprendre les dispositifs d'actualité, de vérifier et d'authentifier les sources des documents en ligne, de s'interroger sur l'agenda des opérateurs et les contraintes des plateformes, de décrypter l'intention des messages pour en distinguer les fonctions (propagande, publicité,...) et de surveiller le sort de leurs données. Dans ce contexte, l'EMI - qui promeut l'esprit critique, le questionnement et la créativité par la prise en main des médias - est au coeur des compétences attendues des élèves du XXIème siècle afin de s'assurer que les acquis démocratiques du XXème siècle opèrent leur transition à l'ère numérique.
Le CLEMI est amené a évoluer afin de mieux répondre à ces enjeux républicains essentiels que sont l'éducation aux médias et à la citoyenneté, Najat Vallaud-Belkacem évoque la création d'un média participatif dans chaque collège, c'est la Semaine de la presse toute l'année ?
Divina Frau-Meigs : Le CLEMI en tant qu'opérateur de l'EMI pour l'éducation nationale, notamment en lien avec la Direction du Numérique pour l'Education, mais aussi avec la DGESCO, a été reconfirmé dans ses missions qui ont augmenté. Dans son discours du jeudi 22 janvier, la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche propose une batterie de mesures qui contribuent à mettre l'EMI au coeur du nouveau "parcours citoyen". Ces mesures prévoient la mise en place de "référents éducation aux médias" ainsi que le déploiement de médias de toutes sortes dans tous les établissements.
Le CLEMI a demandé des moyens supplémentaires au niveau de la direction nationale (le budget de fonctionnement du CLEMI est de 300 000 euros et n'a pas évolué depuis sa création il y a 30 ans) ainsi que la reconnaissance d'un statut homogène à ses coordonnateurs sur tout le territoire. A l'heure actuelle la situation des coordonnateurs CLEMI est très variable, entre ceux qui ont une délégation pleine et entière et ceux qui assurent leur tâche en sus de leur enseignement. Le statut de "Délégation Académique en EMI" serait idéal pour s'assurer que les coordonnateurs puissent remplir toutes les nouvelles missions qui les attendent et répondre à la demande que va susciter le parcours citoyen et la création d'un média par établissement. Ces dispositifs sont en cours de négociation et il faut espérer qu'ils donneront plus de moyens au CLEMI pour participer à la mise en oeuvre des valeurs de la République par le faire, par le projet et l'appropriation des outils de l'expression et du débat.
Le CLEMI a demandé des moyens supplémentaires au niveau de la direction nationale (le budget de fonctionnement du CLEMI est de 300 000 euros et n'a pas évolué depuis sa création il y a 30 ans) ainsi que la reconnaissance d'un statut homogène à ses coordonnateurs sur tout le territoire. A l'heure actuelle la situation des coordonnateurs CLEMI est très variable, entre ceux qui ont une délégation pleine et entière et ceux qui assurent leur tâche en sus de leur enseignement. Le statut de "Délégation Académique en EMI" serait idéal pour s'assurer que les coordonnateurs puissent remplir toutes les nouvelles missions qui les attendent et répondre à la demande que va susciter le parcours citoyen et la création d'un média par établissement. Ces dispositifs sont en cours de négociation et il faut espérer qu'ils donneront plus de moyens au CLEMI pour participer à la mise en oeuvre des valeurs de la République par le faire, par le projet et l'appropriation des outils de l'expression et du débat.
Le SNRL et les radios libres sont des partenaires historiques du CLEMI et de la Semaine de la presse depuis de nombreuses années, pourquoi pensez-vous que le média radio soit particulièrement adapté à l'apprentissage de la citoyenneté ?
Divina Frau-Meigs : La radio est un média qui se renouvelle de manière dynamique sur le web. Le numérique est propice à une sorte de seconde oralité, issue à la fois de l'écrit-parlé des réseaux sociaux et des options participatives et collectives en ligne. En outre, la radio est le média des adolescents, qui l'écoutent pour la musique, mais aussi pour l'information. Elle correspond à la fois à leurs besoins sociaux de libre-parole et à leurs besoins cognitifs d'écoute (sachant que l'oreille est au pic de son développement à l'adolescence).
Le CLEMI depuis deux ans est en train de reconstituer un réseau de formateurs à la webradio en France et dans les DOM-TOM pour répondre à une réelle demande des enseignants et des jeunes. Récemment Gérard Colavecchio, notre responsable webradio, a même mis en place une pirogue connectée en Guyane ! L'apprentissage de la citoyenneté peut être favorisé dans cet accompagnement par la mise en place de comités de rédaction, par la préparation en amont du travail d'expression des jeunes (qui passe par de l'écrit), par la prise de conscience du travail journalistique qui est requis et par la mise en responsabilité des opinions dans le débat contradictoire et le pluralisme.
Le CLEMI depuis deux ans est en train de reconstituer un réseau de formateurs à la webradio en France et dans les DOM-TOM pour répondre à une réelle demande des enseignants et des jeunes. Récemment Gérard Colavecchio, notre responsable webradio, a même mis en place une pirogue connectée en Guyane ! L'apprentissage de la citoyenneté peut être favorisé dans cet accompagnement par la mise en place de comités de rédaction, par la préparation en amont du travail d'expression des jeunes (qui passe par de l'écrit), par la prise de conscience du travail journalistique qui est requis et par la mise en responsabilité des opinions dans le débat contradictoire et le pluralisme.
Nous comptons bien évidemment sur le SNRL, ses équipes et les radios associatives qu'il représente pour nous accompagner sur les multiples aspects de ce grand plan national pour l'éducation aux médias de nos citoyens en herbe !
Nous allons mettre en valeur ce média lors de la Journée Du Direct, le 20 novembre (3ème édition en 2015), pour promouvoir une citoyenneté active qui favorise l'engagement des jeunes.
La 23ème Semaine de la Presse et des Médias dans l'Ecole se déroulera du 23 au 28 mars 2015 sur la thématique : "La liberté d'expression, ça s'apprend !", en hommage aux victimes des attentats survenus en janvier dernier. Comme chaque année, le SNRL en est partenaire officiel.
Davantage d'informations sur le site officiel du CLEMI.
Votre contact au SNRL : education@snrl.fr
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